Bruxelles, le 28 septembre 2017

 

NOTE A L’ATTENTION DES COMMISSAIRES

Günther OETTINGER, Budget et Ressources humaines

Corina CRETU, Politique régionale

 

Objet: Votre prise de position pour une fonction publique européenne solide et performante, contrecarrant les effets pervers de la réduction des effectifs et la dégradation des conditions de travail suite aux réformes statutaires

 

 

Au nom de toutes et de tous les collègues qui se sont adressés à nous en ce sens, nous vous remercions pour la clarté de la position que vous avez exprimée dans votre « Document de réflexion sur l’avenir des finances de l’UE ( lien ) :

 

« Enfin, la bonne mise en œuvre des politiques de l’UE suppose une fonction publique européenne solide et performante. Depuis 2013, les institutions de l’UE tiennent leur engagement de réduction de leurs effectifs, et cela en dépit de l’ajout de nouvelles responsabilités, par exemple dans la gestion de la crise des réfugiés ou des menaces en matière de sécurité, ou dans les délégations de l’UE à l’étranger. Le futur budget de l’UE devrait donc comporter les dispositions nécessaires à l’existence d’une fonction publique européenne forte, qui attire des jeunes de talent venus de toute l’Union et soit capable d’obtenir des avancées sur les priorités retenues à l’issue de cette réflexion. Les décisions relatives aux politiques et instruments à venir devraient prendre en compte l’impact sur les ressources humaines.

Une nouvelle réduction des effectifs pourrait mettre en péril le bon fonctionnement des institutions de l’UE. Les réformes précédentes ont réduit les salaires, allongé le temps de travail et reculé l’âge de la retraite. De toute évidence, intégrer les institutions de l’UE présente de moins en moins d’intérêt aux yeux des jeunes ressortissants d’États membres au revenu par habitant relativement élevé. Les conditions de travail ne sont peut-être qu’un facteur parmi d’autres dans de telles décisions, mais la tendance est claire. » (extrait p 24 « Document de réflexion sur l’avenir de l’UE» )

 

Enfin, une position claire en faveur du personnel!  Pour la première fois, l’Institution, à son plus haut niveau, reconnaît les effets désastreux des réformes statutaires et de la réduction des effectifs.

Depuis 2013 les services sont confrontés à une réduction d’effectifs tout en assumant des tâches et des responsabilités supplémentaires. Ces décisions irréfléchies et drastiques de suppression et de gel de postes ont conduit à une surcharge de travail pour les collègues, avec par conséquence une démotivation du personnel.

Depuis des années, au sein de plusieurs Directions Générales le mot d’ordre et la véritable priorité ont été de « payer », à n’importe quelle condition, à la DG HR les taxations diverses et variées imposées.

En particulier, les services ont dû aussi subir les « excès de zèle » de la DG HR qui a fonctionné presque exclusivement à la calculette en appliquant avec une main de fer une méthode à l’aveuglette en bloquant la publication des postes, en empêchant toute véritable mobilité des collègues ainsi que l’évolution de leur carrière.

D’une part, il est évident que dans ce contexte tous les efforts de propagande déployés par la DG HR en ce qui concerne la politique de gestion des carrières, le talent management, l’engagement de mettre toujours la bonne personne à la bonne place, le bien-être du personnel, le fit@work… sans oublier les articles d’autocongratulation de plus en plus pathétiques parus dans Commission en Direct, ont été perçus par les collègues comme étant de véritables provocations. Il n’est pas étonnant que dans le dernier « Staff Survey » seulement 35% des collègues ont confirmé croire que l’institution s’occupait de leur bien-être.

D’autre part, comme vous le reconnaissez à très juste titre, c’est uniquement grâce au dévouement du personnel que, malgré ce contexte très difficile, les politiques de l’UE ont pu continuer à être mises en œuvre au bénéfice des citoyens européens. 

Qui plus est, le personnel a profondément apprécié que vous rappeliez qu’il a été également victime de réformes statutaires successives qui ont conduit à une dégradation incontestable des conditions de travail en ce qui concerne les salaires, les pensions, l’allongement du temps de travail, le recul de l’âge de départ à la retraite et le gel des salaires pendant 2 années consécutives…

Les conséquences de cette dégradation irréfléchie notamment pour les nouveaux collègues ont entraîné une perte d’attractivité de la fonction publique européenne à un tel point que comme vous le rappelez à juste titre, il est devenu à présent très difficile de susciter l’intérêt des meilleurs candidats notamment au sein de plusieurs Etats membres.

Compte tenue de ce qui précède et en vous remerciant à nouveau pour la clarté de vos prises de position, nous vous demandons de :

– vous opposer avec la plus grande détermination à toute nouvelle tentative de réduction et de dégradation des conditions de travail que le Conseil ne manquera pas de mettre en œuvre, dans le cadre des MFF, pour pénaliser davantage notre personnel

– demander à la DG HR d’abandonner une fois pour toutes les slogans vides et dépourvus de tout effet utile pour mettre en place de véritables politiques en faveur du personnel afin d’améliorer les conditions de travail et les possibilités de carrière. Nous ne voulons plus de mots, nous voulons des faits.

Facta non verba: faisons de notre institution un employeur modèle et novateur en réformant d’urgence la politique du personnel incluant une véritable politique de prévention des risques.

Cristiano Sebastiani

Président

 

Copie:

M. J-C JUNCKER,  Président de la Commission européenne

Mesdames et Messieurs les Membres du Collège

M. A. ITALIANER, Secrétaire général

Mme I. SOUKA, Directeur général DGHR

Personnel de la Commission